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vaient presque du même mot pour signifier un âne et le vin.

La mémoire d’un bienfait si grand, avait rendu l’âne vénérable à toutes les nations ; on ne pensait à lui qu’avec joie, on n’en parlait qu’avec attendrissement. Pour moi, s’écrie l’anonyme que j’ai déjà cité et que je citerai encore, quand je songe à l’avantage que nous tirons de cette utile invention, je ne saurais rencontrer un âne, que je me sente le cœur ému à son aspect, d’une tendresse mêlée de je ne sais quel respect pour un si auguste bienfaiteur. Où est l’animal, je ne dis pas à Babylone, mais dans l’univers qui nous ait enseigné une science si nécessaire ? L’araignée, a dit-on, donné l’idée de la toile, l’hirondelle a fait naître les architectes, le rossignol a formé les musiciens, des chèvres[1] ont introduit

  1. Un berger de la Palestine qui gardait les chèvres d’un couvent, s’étant aperçu que lorsque ces animaux avaient mangé d’un certain arbuste, nommé café, ils ne faisaient que cabrioler pendant la nuit ; il fit part de ce prodige au prieur du couvent, qui se douta que ce fruit contenait une vertu insomnifique. Comme