Parlerai-je ici de l’âne de ce Grec nommé Rieule dont un auteur Espagnol nous a conservé la plaisante histoire. Il faut avoir de l’esprit pour faire peur au diable. Les sorciers eux-mêmes ne lui parlent qu’en tremblant : cependant cet âne, dont un esprit malin s’était emparé, le fit déloger comme un sot : cet âne n’était donc pas une bête.
Si les ânes n’avaient pas d’esprit, est-ce qu’Apulée serait convenu comme il l’a fait, qu’il n’est devenu digne d’être le prêtre d’Isis qu’après avoir été transformé quelques temps en âne. Lucien, le célèbre Lucien, avec tout son esprit, ne serait jamais parvenu à obtenir ce qu’on lui accorda, s’il n’avait pas pris la figure spirituelle d’un âne.
Convenez donc, Messieurs les Babyloniens, convenez que les ânes ont de l’esprit, puisque dans tous les temps ils en ont donné des preuves authentiques ; puisque les plus beaux esprits n’ont réussi qu’en devenant des ânes : et ce qui est encore plus extraordinaire, convenez que non-seulement ils ont de l’esprit,