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les lieux pour vérifier le fait, j’avouerai ingénument que j’ignore s’il est vrai. Tout ce que je puis assurer, c’est que cet usage n’est point admis à Montmartre : on ne connaît les anciennes familles qui y demeurent, que par la tradition. Ce que je puis encore certifier sans crainte d’être démenti, c’est que plusieurs de ces familles s’y étaient établies longtemps avant que Babylone fût habitée. J’ai même entendu dire à des gens dignes de foi, qu’on y voit encore des descendants de cette célèbre ânesse qui parla autrefois au prophète Balaam : c’est sans contredit la plus respectable famille du monde.

Un autre avantage qui se trouve réuni avec la noblesse des ânes, c’est qu’elle ne les rend ni plus fiers, ni plus insolents : ils croient que le plaisir est fait pour tout le monde, et que le travail ne déshonore personne. Ils ont pour maxime que la noblesse n’est rien sans le mérite personnel ; qu’un âne, quelque noble qu’il soit, doit être doux, laborieux, compatissant. Ils ne prétendent point avoir le droit exclusif de tout savoir, sans rien appren-