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ne rien admettre qu’après l’avoir examiné de sens froid, qu’après l’avoir reconnu véritable et conforme à la raison ; la prévention est le cheval de bataille des sots.

Puissent mes lecteurs ne voir désormais dans le lion qu’un monstre féroce et redoutable ; dans le cheval qu’un animal agréable, quelquefois utile, souvent dangereux. Dans le reste des animaux que des êtres d’une utilité médiocre, ou qui n’ont d’autre mérite que leur figure ou leur rareté. Dans l’âne enfin un animal facile à élever, facile à nourrir, facile à conserver ; un animal utile et nécessaire ; un animal qui mérite à juste titre le rang de roi des animaux.

Ce qui doit surtout fixer leur attention, c’est de ne plus confondre les ânes à courtes oreilles avec ceux de Montmartre. Ce sont deux races absolument différentes ; elles n’ont ni la même forme extérieure, ni les mêmes inclinations. Les premiers sont frivoles, stupides, gourmands, paresseux, insolents : la gravité, l’esprit, la modestie, l’amour du travail, l’humanité, voilà les attributs des seconds ; ils