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UNE FAMILLE D’ARTISTES ET DE FINANCIERS

D’où venait Louis de Boullongne ? On n’en savait rien. Lui-meme etait, sur ce point, plein de discrétion. On disait seulement — et nous verrons bientôt que ce pouvait être la vérite — qu’il appartenait « a une bonne famille de Picardie. »

Pour le moment, le père de l’enfant qui venait de naitre « exercait une commission honorable » à l’hôtel-de-Ville de Paris, ainsi que s’exprime un peu pompeusement un des biographes de son fils[1] ; ce qui nous paraît vouloir dire plus simplement, en bon francais, que Louis de Boullongne était employé dans les bureaux de la grande ville. C’est cependant la modeste fonction qu’il occupait dans ces bureaux qui fut la cause initiale de la fortune des siens. Nous raconterons bientôt les premières péripéties qui amenèrent cette fortune. Il nous faut auparavant étudier, pour n’avoir plus à y revenir, ce qui a été dit jusqu’ici sur les origines des Boullongne dont, en présence du rôle important qu’ils ont joué dans l’art du XVIIe siècle, la critique s’est préoccupée a diverses reprises. Devant, dans le présent ouvrage, indiquer ces origines d’après des documents inédits ou peu connus, il nous faut d’abord déblayer le terrain de ce qui en a été écrit avant nous.

Jal, qui s’occupe assez longuement des Boullongne dans son Dictionnaire critique de Biographie et d’Histoire[2], dit qu’on ignore de quelle province ils étaient originaires. Il y avait, écrit-il, beaucoup de Boulogne à Paris. « En 1528, un Boullongne était valet de chambre de la Reine-Mere[3]. Plus tard, je vois dans les registres de Saint-Jean-en-Grève, à la date du 2 juin 1698, le baptême de « Nicolas, fils de

  1. Guillet de Saint-Georges : Vie de Louis Boulogne, inserée dans les Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, publics d’après les Manuscrits conservés à l’Ecole des Beaux-Arts, par Dussieux, Soulié, de Chennevières, Paul Mantz et Anatole de Montaiglon. Paris, Dumoulin, 1854, 2 vol. in-8, tome I, p. 195. — Outre la vie de Louis de Boullongne, qui occupe dans ce volume les pages 195 a 204, on y trouve a la suite de cette vie : 1o Un résumé de la Conférence faite par Louis de Boullongne, le Jeune, sur 1'« Enfant Jésus, la Vierge et la sainte Catherine », du Titien ; 2o Le discours de Guillet de Saint-Georges sur la « Charite Romaine », du même artiste ; et 3o le Discours du même sur un bas-relief de la « Charite Romaine » que M. Cornu a donne pour sa réception le 5 juillet 1681.
  2. Paris, in-8.
  3. Arch. Nat. Maison du Roy, KK. 99.