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VIII
Préface

liances de famille le rattachent a ces Boullongne, dont il a entrepris de nous restituer l’histoire. Durant de longues années, il n’a jamais perdu de vue son sujet, ajoutant jour à jour quelque pièce nouvelle au dossier toujours entr’ouvert, et trouvant, d’ailleurs, dans ses propres archives familiales, plus d’un texte important — par exemple, la série très instructive des titres produits en 1722 par Louis de Boullongne, Directeur de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, pour sa réception dans l’Ordre de Saint-Michel.

La mission d’un simple « Préfacier » ne saurait être de déflorer, par des citations anticipées, l’œuvre qu’il a l’honneur d'« introduire » auprès du public. Il me suffira de dire — et le lecteur aura vite fait de constater — que les recherches de M. de Caix de Saint-Aymour, — en même temps quelles éclairent l’histoire d’une de ces « dynasties » d’artistes qui continuèrent et se transmirent, en les enrichissant au cours des générations, les traditions de la peinture française et constituent comme le fond solide sur lequel elle évolua — ne sont pas inutiles à l’histoire générale des mœurs, du goût et des idées.

Les historiens de la peinture lui sauront un gré particulier du très précieux catalogue raisonné qu’au prix de longues recherches et avec une patience exemplaire, il a dressé de l’œuvre des Boullongne. Tout le monde peignait dans la famille et, de la première moitié du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XVIIIe, les filles même, comme le père et les frères, manièrent le pinceau : les uns avec une autorité magistrale, les autres avec une habileté éprouvée.

Louis de Boullongne, le Père, dit l’Ancien, sans s’élever au rang des « créateurs », comme on dirait aujourd’hui, tint plus qu’honorablement sa place dans ce qu’on pourrait appeler l’orchestre qui préluda à la grande symphonie du grand siècle, Histoire, mythologie, religion, décoration murale, tableaux de chevalet, dessins pour l’illustration, il n’est aucun genre qu’il n’ait exercé avec succès. Au Salon de 1761, Diderot, évoquant, à propos de Deshays, en qui les contemporains avaient mis tant d’espérances, le souvenir de la génération où s’était élaboré l’art dont il louait en celui-ci les tendances, pouvait écrire très justement : « Il me rappelle les temps de Santerre, de Boullongne, de Le Brun, de Le