Page:Caillaud - Normandie, Poitou et Canada français, 1945.pdf/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chasse-Gallery à la légende de la Mesnie Hellequin, qu’il a retracée jusqu’au haut Moyen Âge, et il s’étonne et il s’émerveille d’avoir retrouvé la première sur les rives du Saint-Laurent.

Au sujet de la Mesnie Hellequin, M. Gustave Cohen dit : « La conjonction des deux termes témoigne d’une interférence des deux civilisations romano-celtique et germanique sur le territoire de l’ancienne Gaule, car Mesnie, forme picarde de Mesniée, c’est Mansionata, lignée, et dans Hellequin, quin est le gothique Kuni, correspondant au latin genus, tandis que le radical Hell désigne l’Enfer. Mais dans le Jeu de la Feuillée d’Adam le Bossu d’Arras (vers 1276), Hellequin devient un grand Prince de féérie amoureux de Morgane, et l’on sait comment il est Alichino chez Dante et Harlequin sur notre théâtre du XIIe siècle. Le manteau d’Arlequin qui encadre notre scène moderne, c’est la chape d’Hellequin ou gueule d’Enfer médiévale.

« Mais ce sont là des formes édulcorées et riantes d’anciennes terreurs populaires. Quand le vent secouait le toit de chaume qu’il menaçait d’emporter, nos ancêtres disaient : c’est la « Mesnie Hellequin qui passe ». Or cette chasse sauvage, la Wilde Jagd des Allemands, cette chevauchée fantastique des Morts, maint paysan l’avait rencontrée la nuit et en avait gardé l’horreur. »