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COMÉDIE

Ce que je ne pourrois vous cacher dans la suite.
Votre fortune…

CONSTANCE.

Votre fortune…Eh bien ?

POLIDOR.

Votre fortune…Eh bien ? Un revers l’a détruite.

CONSTANCE, à part.

Chevalier, c’en est fait, je ne puis rien pour toi.

POLIDOR.

Auquel de mes Neveux donnez-vous votre foi ?
Que votre cœur choisisse ; & dans cette journée,
Vous nous appartenez par un doux hyménée.

CONSTANCE, dans le plus grand abattement.

Moi, Monsieur, que chez vous j’ôse donner des loix !
Je sais trop qui je suis & ce que je vous dois.

POLIDOR, fâché.

À nos conventions, songez, je vous supplie ;
Oui, songez qu’un refus me fâche & m’humilie.
Je mérite, je crois, de faire des heureux.

CONSTANCE.

Ah ! ne m’accablez pas, mortel trop généreux !
De toutes vos bontés & confuse & ravie,
Je veux vous devoir tout, & pour toute ma vie.
Choisissez mon époux, & décidez mon sort. —
(À part, en sortant.)
Son choix va me donner ou la vie ou la mort.

POLIDOR.

C’est assez. Pour répondre à votre confiance,
Croyez que ma raison va régler la balance.