Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
COMÉDIE


Scène IV

CONSTANCE, POLIDOR.
POLIDOR. Il fait avancer des siéges.

(À part.)

Feignons, pour ménager un sexe trop sensible.

CONSTANCE, à part.

Cachons bien mon amour, s’il est encor possible.

POLIDOR.

Embrassez-moi, ma fille, une seconde fois.
Je crois voir mon ami, si-tôt que je la vois.
Asseyons-nous : Je veux vous consulter, Constance,
Sur une affaire : elle est de très-grande importance.
(Il la fait asseoir.)
Votre pere eut dessein d’unir nos deux maisons :
Vous daignâtes répondre à ses intentions…

CONSTANCE.

Oui, Monsieur ; à ses lois mon cœur toujours fidèle…

POLIDOR.

Un moment, s’il vous plaît : — La fortune cruelle
M’accable en ce moment du poids de ses revers ;
Tout mon bien a péri dans le trajet des mers ;
Mais le vôtre est sauvé…

CONSTANCE, avec transport.

Mais le vôtre est sauvé…Je pourrai donc vous rendre
Les secours que mon pere obtint d’un ami tendre ;