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PRÉFACE


La liberté du théâtre n’est pas la liberté des théâtres. La première tient à la liberté de la pensée ; la seconde à la liberté du travail.

Les lois révolutionnaires qui proclamèrent le droit pour tout citoyen d’exercer l’industrie de son choix lui reconnurent en même temps celui d’exprimer librement sa pensée.

Les régimes qui se sont succédés au cours du siècle ont, dans la mesure de l’ordre public respecté les initiatives individuelles en matière industrielle et commerciale. Ils n’ont pas eu la même tolérance pour la pensée qui fut remise en tutelle.

On peut publier ses opinions de trois façons différentes : par le livre ou par le journal : par la tribune ; par le théâtre.

Toutes les libertés publiques ont eu cette destinée commune qu’il a fallu les arracher une par une à l’inquiétude des gouvernements au pouvoir. Le livre le journal et la tribune ont aujourd’hui reconquis leur indépendance ; le théâtre pas encore. Un rouage administratif, une commission officielle fonctionne, qui contrôle les conceptions dramatiques, les mutile ou les détruit d’un trait de plume. En dépit des nouvelles désignations, l’usage a conservé à cette institution un nom odieux : la censure.