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L’ACTION FRANÇAISE, L’EXPÉRIENCE POINCARÈ
ET LES SYNDICALISTES


On me permettra de joindre, aux notes qui précédent, quelques réflexions que je veux soumettre à notre ami Darville dont nos amis ont lu plus haut l’admirable étude. Je tiens à fournir à notre ami, ici même, quelques réponses aux questions qu’il pose dans ses conclusions. Mais je les lui fournirai, non plus seulement comme membre du Cercle Proudhon, mais comme ligueur d’Action française.

Darville se demande, en somme, si l’Action française sera de force à surmonter l’expérience Poincaré, à donner à la crise où nous sommes la solution qu’exige le salut public, sans me laisser affaiblir par les infiltrations rationalistes (rationalisme étant ici opposé en quelque sorte à l’héroïsme guerrier) et sans se laisser confondre avec les exploiteurs du patriotisme qui conduisent aujourd’hui, au gouvernement, la campagne pour les trois ans.

Pour l’expérience Poincaré, la chose nous paraît définitivement jugée. Le poincarisme, dont on pouvait craindre qu’il déterminât une deviation du patriotisme au profit de la démocratie, n’a absolument rien produit dans ce sens. Son impuissance est reconnue de tous aujourd’hui. Il y a bien une quantité de braves gens qui vont l’acclamer chaque fois qu’il se déplace. Mais ce sont de bonnes foules qui ne font pas i’opinion, et qui, surtout, ne font jamais de révolutions ni sociales, ni nationales. Chez tous ceux dont le jugement compte dans l’élaboration des jugements publics, et qui conduiront l’action des Français dans les temps de crise profonde, l’expérience Poincaré est terminée. On s’est arrêté un instant devant la daumont présidentielle, sans grand espoir, mais avec l’illusion qu’il allait en descendre un homme qui essaierait de mettre fin au re~ne des bavards. On n’en a vu descendre qu’un homme au front soucieux qui allait inaugurer des hôpitaux et des voies publiques. C’est fini, c’est fini ; on n’en parle plus, et l’on n’y pense même plus. Jamais l’Action française n’a fait tant de progrès que depuis le poincarisme. La question, aujourd’hui, ce n’est pas : la vraie république du vieux parti, ou la république patriote, avec Poincaré, ou l’empire, ou la monarchie ; c’est la France ou l’anti-France, la Patrie ou la Mort, et toutes les intelligences averties traduisent : la Monarchie ou la République. Voyez Sembat lui-même, cet homme habile. Que dit-il ? « Faites un roi, sinon faites la paix. » Et le vrai peuple parisien, lorsqu’il suit les retraites, ne croyez pas qu’il crie : Vive