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dhonienne, au milieu des contradictions qu’elle contient ? Nous avons affirmé, nous avons démontré que cette direction est classique et traditionnelle. Il n’a été rien opposé de sérieux à nos démonstrations. Ici également la discussion est terminée. C’est bien nous, nationalistes et syndicalistes, qui sommes qualifiés pour continuer l’œuvre proudhonienne et lui donner les conclusions actuelles que au direction commande. Le débat est clos, à la confusion des politiciens et des sociologues de la démocratie.

Il est inutile désormais de rechercher de nouveaux textes proudhoniens qui ajouteraient mille preuves à celles que nous avons déjà fournies. Répétons que nous n’avons jamais eu l’absurde propos de faire de l’exégèse proudhonienne, ni d’interpréter les œuvres de l’écrivain bisontin dans un sens qui servit nos volontés politiques et sociales. C’est par notre œuvre propre que nous prouverons que les deux tendances qu’a déposées en nous le XIXe siècle, et qui nous portent l’une vers l’autorité, l’autre vers la liberté, représentent les deux forces qui, lorsqu’elle se connaissent et se respectent l’une l’autre, assurent, par leurs mouvements, la fortune de l’État et la prospérité des citoyens.

Nous l’avons dit : fierté républicaine et loyalisme monarchique. Ne sont-ce point là vertus proudhoniennes, ou, pour mieux dire : vertus française ? En doutez-vous encore, Messieurs de la démocratie ? Lisez donc les pages qu’a écrites là-dessus, il y a quelques mois, un de vos amis, M. Daniel Halévy. Il ne nous déplaît pas de verser à notre dossier cette confirmation inattendue de notre thèse ; mais nous la placerons en dehors des pièces du débat, aux annexes, car, quelle que soit son importance, aussi précieuses que soient pour nous ses nobles conclusions, quelle que soit notre sincère estime pour les belles qualités morales de l’auteur et pour sa loyauté intellectuelle, nous ne pouvons pas oublier que M. Daniel Halévy appartient par ses origines à un État que nous combattons, l’État juif, et par son histoire personnelle au dreyfusisme, qu’il ne paraît pas avoir quitté. Nous dirons tout à l’heure pourquoi nous faisons ces réserves. Plaçons d’abord sous les yeux du lecteur la belle étude de M. Halévy, qui a paru au Journal des débats les 2-3 janvier 1913 :

Dénonciateur, et glorificateur de la propriété ; maître, et diffamateur du socialisme ; magnifiquement homme du peuple, dévoué au peuple, et anti-démocrate si rude que la démocratie murmure encore de ses coups ; tel est Proudhon, tel qu’il paraît du moins, au premier abord une énigme.

Qu’est-ce donc ? « un sophisme », disaient ses ennemis ; et ceux qui l’appréciaient. « Non, c’est un brave homme qui pense par boutades. » Ils se