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ni se dégager. Il importe donc au premier chef et de restaurer un État véritable, et d’instaurer une société civile véritable. L’Action Française travaille à la première tâche, le syndicalisme à la seconde, et c’est pourquoi le Cercle Proudhon a pu réunir dans son sein des royalistes et des syndicalistes. Mais ce double travail travail sera irrémédiablement compromis si la Ploutocratie réussit a rester maîtresse de l’État et l’Anarchie maîtresse du mouvement ouvrier. Je disais dans mon article que la Ploutocratie essaierait, à la faveur du réveil national, de faire coup triple : 1o escamoter l’A. F. ; 2o écraser le mouvement ouvrier ; 3* augmenter encore les armements sans réelles visées guerrières. Rien n’est venu — au contraire — infirmer ces pronostics et tout indique que la situation est plus critique que jamais. À la faveur des circonstances actuelles nous allons assister d’une part à un essai d’empire juif (sous la forme Briand, plus hypocrite et plus apparemment conservatrice, ou sous la forme Clemenceau, plus franche et plus apparemment radicale) et une reprise, sur le mouvement ouvrier, de l’influence soit socialiste à la Jaurès, soit anarchiste à la vieille mode. J’admire même l’imprévoyance de militants comme Griffueles et Merrheim, qui semblent avoir déjà oublié tes leçons de l’affaire Dreyfus, et qui, sous prétexte que l’agitation contre les trois ans est un excellent moyen de réveiller la classe ouvrière de sa torpeur, risquent de la remettre sous le joug des politiciens de l’Église unifiée. Déjà, maints syndicalistes ont rejoint Jaurès ; Hervé donne à celui~ci du grand homme, et l’on revoit d’autre part les Sébastien Faure et autres anarchistes de gouvernement et ejusdem farinæ, reparaître sur l’eau et recommencer leur propagande antireligieuse. S. Faure a fait dans le Nord, en mai, des conférences où il prétendait fournir douze preuves de l’inexistence de Dieu ! Et tout cela, comme dit Hervé (il a parfois des éclairs de bon sens)… pour le roi de Prusse !

J. D.
Juin 1913.