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NOTRE PREMIÈRE ANNÉE

l’institutrice a accouché dans la nuit et son enfant est mort. Plus récemment encore, dans la Lozère (fief du baron Piou), on a saccagé le jardin de l’institutrice, Mme Benoît. Elle restait stoïque. Alors, on a incendié sa maison, la nuit. La malheureuse a failli être brûlée vive. Jamais la municipalité républicaine n’a rien fait de tel.

Dois-je ajouter que cette crainte d’une terreur réactionnaire (qui serait d’ailleurs le fait des pires ennemis actuels de la monarchie) est une des grandes préoccupations de notre ami ? Nous lui avions déjà répondu en le priant, non de chasser cette crainte, qui n’est peut-être pas très justifiée (car enfin la police du Roi servira, en même temps qu’à châtier les hauts coupables, à empêcher les absurdes et injustes représailles), mais d’être assuré que, si les faits lui donnaient raison, après la restauration, nous irions l’aider, nous et tous nos amis, à empêcher ces inutiles folies. Nous en avons pris l’engagement. Nous le tiendrons. Je demande s’il est inutile, dans l’intérêt même de la monarchie, de la paix civile, de prévoir ces difficultés et de se préparer à les résoudre, même au prix de quelque gêne pour nos personnes. Pensons-y très sérieusement, et travaillons dès maintenant à les rendre impossibles.

Le vertuisme. — Il nous faut revenir aux légendes qui courent sur notre Cercle. En voici une qui vient de ce que l’on pourrait appeler l’extrême marche littéraire du nationalisme. Il paraît que nous avons quelques tendances vertuistes. C’est bien la dernière accusation que nous attendions, car « nous ne sommes pas des gens moraux », et nous ne désirons pas le devenir. Mais nous ne nous désintéressons pas de certaines questions qui sont évidemment liées à la moralité. Pour ceux d’entre nous qui sont catholiques, la solution ne s’obtient pas par un moralisme quelconque ; il y a longtemps qu’elle a été donnée sans le secours d’impératifs qui sont d’ailleurs toujours impuissants. Pour les autres, la solution leur est fournie par l’intérêt national. Sur une question aussi grave et aussi importante que celle de la dépopulation, les deux solutions ne peuvent que s’accorder étroitement. Et que, précisément en considérant ce problème, du point de vue catholique ou du point de vue