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notre première année

est l’État et, l’ordre troublé, son rôle est de le rétablir[1] ; mais s’il est, pour elles, des violences nécessaires, les républiques ouvrières passeront, de tout leur possible, par-dessus la volonté de l’État royal et s’opposeront à lui de toutes leurs forces : l’équilibre, faut-il le répéter, vient de l’antagonisme.

Les propositions de Mayrel ont une rigueur systématique que la vie peut considérablement adoucir. Mais telles qu’elles sont, nous voyons beaucoup de bonnes raisons pour les adopter. Rien ne nous paraît plus propre à faire comprendre que nous concevons parfaitement que le Roi pourrait être amené à nous faire pendre, et que l’opération contraire nous paraît une imagination absolument intolérable. Si vous voulez bien y réfléchir une minute, vous vous apercevrez que cela sert parfaitement l’intérêt de la monarchie et le nôtre. Nous pouvons maintenant vous informer des résultats qu’ont eues des conversations et des correspondances engagées sur ce ton : Maurice Mayrel nous a déclaré qu’il n’est plus républicain, et Albert Vincent, qui représentait parmi nous les républicains fédéralistes, est devenu royaliste.

La terreur réactionnaire. — On pourra nous dire que les vues que nous venons d’exposer sentent un peu l’émeute. Ce n’est pas impossible. Mais soyons sérieux. Je m’adresse un instant à ceux de nos lecteurs qui sont uniquement dévoués à la monarchie, et je les supplie de penser, avec l’auteur de la lettre que je vais reproduire, à certaines possibilités d’actes dont la monarchie ne serait nullement responsable, mais dont elle souffrirait. Voici. Un de nos meilleurs amis nous écrit :

Ce qui empêche, ce qui empêchera beaucoup d’instituteurs d’aller à la monarchie, c’est la crainte d’une terreur réactionnaire qui suivrait le rétablissement du roi.

Vous me disiez de n’avoir pas peur à cet égard. Les faits vous donnent tort. Tout récemment, dans les Landes ou le Gers, une municipalité réactionnaire a refusé de loger l’institutrice et l’instituteur nouvellement nommés. Aucun hôtelier n’a voulu les loger. Les pauvres gens ont couché sous le préau de l’école. Brisée d’émotion,

  1. L’armée, du moins, sous le Roi, ne sert plus la ploutocratie, mais l’ordre national.