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notre première année

mie financière des entreprises) ; mais il est le plus grand facteur de destruction des nations qui le laissent sans frein[1]. Il ne vaut pas pour déterminer les rapports des hommes entre eux, à l’intérieur d’une nation. Nous jugerions mauvais un régime politique monarchique qui, ayant éliminé la ploutocratie politique, laisserait subsister une ploutocratie économique. Ce n’est pas seulement pour des raisons politiques que la France doit être « hérissée de libertés », c’est pour des raisons économiques. Le salut national l’exige. Dans ces limites, il est clair que nous sommes opposés au capitalisme. Cette position est commune, au Cercle, aux “capitalistes” et à ceux qui ne le sont pas.

  1. Je reproduis ici une définition que j’ai donnée à la suite de mon rapport au Congrès d’Action Française de 1912 ; l’un de nous reviendra prochainement sur cette question :

    « On désigne ici sous le nom de régime capitaliste l’extension des principes capitalistes de l’économie financière des entreprises : 1o à l’économie humaine de la production (c’est-à-dire à l’organisation du travail dans l’atelier et aux rapports entre chefs d’industries et travailleurs) ; 2o à l’économie nationale (c’est-à-dire à l’exploitation des ressources du sol et aux échanges avec les nations étrangères) ; 3o à l’organisation politique de la nation. On conçoit que les principes capitalistes de l’économie financière des entreprises industrielles et commerciales, qui sont nécessaires lorsqu’ils sont appliqués à leur objet propre, sont funestes à tout groupement humain lorsqu’ils sont appliqués hors de leur domaine. Dans ce dernier cas, étant donné qu’ils ont été établis uniquement en vue d’assurer aux capitaux le plus haut rendement possible, les chefs d’entreprises sont amenés, autant par la force de ces principes que par leur égoïsme naturel (heureux dans d’autres conditions) à détruire toutes les institutions qui limitent, en vue d’un intérêt supérieur qui est l’intérêt national, les possibilités immédiates du rendement des capitaux et de l’exploitation du sol. Ainsi la vie religieuse est diminuée, la vie ouvrière dégradée, la famille détruite, l’ouvrier étranger appelé dans le pays, les richesses naturelles sont exploitées sans mesure, les institutions politiques transformées en organe de coercition pour augmenter le rendement abusif des capitaux. En toutes choses, l’intérêt national est gravement compromis. La démocratie est le seul régime qui crée les conditions politiques permettant cette domination du régime capitaliste. Les spéculateurs tendront donc naturellement à la favoriser. Mais on observe que les capitalistes d’une nation donnée, formés par une longue hérédité aux disciplines nationales, résistent en général à leur propre entraînement, même dans une démocratie absolue. Ils se trouvent ainsi dans un état d’infériorité vis-à-vis des capitalistes étrangers et particulièrement des capitalistes juifs, lesquels, sans aucun lien avec la vie nationale, n’ont aucun scrupule à appliquer partout les seuls principes capitalistes. Ainsi, par toutes les voies, le régime capitaliste, tel que nous l’avons défini, s’oppose à l’intérêt national. »