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notre première année

Je me suis efforcé de montrer que cette utilisation (du syndicalisme antidémocratique par le nationalisme) à prendre les deux doctrines dans leurs tendances profondes et dans leurs fins est un scandale pour la raison. Je le pense toujours. Mais il ne sied pas d’être plus royaliste que le roi. La jonction, sinon des troupes et des propagandistes, aux moins des théoriciens antidémocrates, est aujourd’hui chose faite. Il n’y a qu’à en prendre acte. La raison ne règle pas plus les affinités sociales que l’amour.

Évidemment, c’est très triste. Cette jonction est-elle conforme aux doctrines rationalistes ? Assurément non. Est-elle rationnelle ? Tout paraît l’indiquer. Est-elle raisonnable ? On n’en saurait douter, et nous mettrons tout à l’heure sous les yeux de M. Guy-Grand un bref document que nous a remis un de nos nouveaux amis, M. Maurice Mayrel, qui fit longtemps partie du Parti Socialiste Unifié, et qui lui fera comprendre merveilleusement (avec une rigueur quasi mathématique) comment ceux qui s’opposent à l’État peuvent joindre ceux qui veulent restaurer l’État.

M. Marc Sangnier. Il faut, enfin, dire un mot de cet extraordinaire faux bonhomme qu’est M. Marc Sangnier qui nous accuse dans son journal (30 mars) de ne pas cacher notre admiration pour Proudhon, dont la devise Ni Dieu, ni Maître, est restée célèbre ». Fausse-t-il sciemment la vérité ? ou ignore-t-il que cette devise est celle de Blanqui ? L’une et l’autre hypothèse sont possibles. Laissons ce malheureux. J’ai hâte de remercier les journaux qui ont annoncé l’apparition de nos Cahiers et l’ont fait avec courtoisie.

Naturellement, en première ligne, l’Action française, qui, à elle seule, a fait plus d’honneur au Cercle et à ses Cahiers que tous les journaux de Paris et de province réunis. Car, après les cris de colère que les démocrates ont laissé échapper, on a fait le silence. Mais quelques journaux ont fait exception, et nous tenons à les en remercier : ainsi, l’Œuvre, par la plume de Gohier, la Picardie, l’Intransigeant, Gil Blas, la Bataille syndicaliste, Paris-Journal, le Coup de Fouet.

Quelques légendes. — Passons maintenant aux légendes :