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ROUSSEAU JUGÉ PAR PROUDHON

défaite de l’Église et le triomphe de la Révolution. Il reste fermé au progrès, dont tout parle autour de lui ; il ne comprend, il n’aime seulement pas cette liberté dont il parle sans cesse. Son idéal est la sauvagerie, vers laquelle le retour étant impossible, il ne voit plus, pour le salut du peuple, qu’autorité, gouvernement, discipline légale, despotisme populaire, intolérance d’Église, comme un mal nécessaire.

L’influence de Rousseau fut immense cependant : pourquoi ? Il mit le feu aux poudres que depuis deux siècles avaient amassées les lettrés français. C’est quelque chose d’avoir allumé dans les âmes un tel embrasement : en cela consistent la force et la virilité de Rousseau ; pour tout le reste, il est femme.

P.-J. Proudhon[1].


  1. De la Justice dans la Révolution et l’Église, 11e étude, Chap. II. Flammarion et Cie, éditeurs, Paris.