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la famille chez proudhon et dans la démocratie

L’argument n’est pas pour nous gêner. Nous sommes les premiers à dire que sous Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe notre natalité a décru d’une façon régulière. Sans même qu’on nous y oblige, nous déclarons que le xviiie siècle avait déjà vu naître ce mouvement. Quoi d’étonnant à cela : le siècle du femmelin Rousseau a déjà ses esprits forts et ses émancipées : c’est un siècle démocratique. Après la Révolution, la démocratie a eu un siècle pour détruire la famille, car personne ne conteste que, depuis 1789, la démocratie n’a jamais été sérieusement menacée en France.

Mais voici qui est plus probant encore : il y a en France 120.000 démocrates professionnels : ce sont les institutrices et les instituteurs laïques. Or, il est bien remarquable que le corps enseignant donne tête baissée dans le féminisme et le malthusianisme. Il y a dans ce personnel, victime de l’enseignement qu’on lui donna, de très honorables exceptions. Elles sont rares, fort rares surtout chez les « jeunes » qui, eux, vont au socialisme unifié et à l’anarchisme, les deux formes extrêmes de la démocratie[1].

« Tout attentat au mariage et à la famille, dit fortement Proudhon, est une profanation de la Justice, une trahison envers le peuple et la liberté, une insulte à la Révolution. » Or, la législation démocratique a multiplié ces attentats.

Elle nous a, en premier lieu, dotés du divorce que Proudhon repousse avec tant d’énergie : « Par le divorce, s’écrie-t-il, les époux avouent leur commune indignité, se déjustifient si l’on peut ainsi dire, en d’autres termes deviennent sacrilèges. » Or, que voyons-nous dans

  1. Il est juste de noter que ces fonctionnaires sont en général fort mal payés.