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la famille chez proudhon et dans la démocratie

des oisifs, par des ratés dont les déboires ont exaspéré les passions démagogiques. On parlerait mal en les traitant de révoltés : il y a dans la révolte un saint amour de la Justice. Ces déclassés sont des mécontents qui trouvent la société mal faite parce qu’ils ne s’y trouvent pas bien et parce que la place qu’ils y occupent n’est pas assez belle. Ils sont les frères envieux — les frères tout de même des parvenus de la démocratie (agioteurs de la Bourse, écrivains « arrivés » et politiciens considérables) qu’ils attaquent avec tant de rage haineuse et jalouse.

Non, ces gens n’ont rien de commun avec le peuple ! Il reste cependant que leur propagande donne des résultats. Elle touche surtout les « jeunes » et c’est par là qu’elle est très dangereuse.

Il faut donc la combattre. Mais comment ? Croyez-moi : la lutte est extrêmement difficile à conduire, car le monde ouvrier, inconsciemment mais complètement asservi aux dogmes démocratiques, a vite fait de vous traiter en suspect et d’invoquer l’autorité des intellectuels socialistes et libertaires.

C’est alors que l’on est heureux de rencontrer Proudhon, de faire appel à son bras puissant et d’opposer sa noble pensée aux basses élucubrations des démocrates « avancés ». Impossible, en effet, de traiter Proudhon de bourgeois « faisant le jeu des capitalistes ». D’autre part, on ne peut songer à l’affronter : ce serait la rencontre du Pygmée et du Titan.

Proudhon gêne nos démocrates. Aussi le taisent-ils de leur mieux : c’est leur façon à eux de montrer qu’ils pensent librement.

Fait significatif entre tous dans son discours de Besançon, M. Viviani n’a pas dit un mot des idées de Proudhon sur l’amour, le mariage et la famille ; idées