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mique qui lui permet, de nous exploiter, de nous dépouiller et même de nous expulser, de nous prendre notre sol, ceci au bénéfice de l’Étranger. En somme, en France, actuellement, il n’y a plus d’ordre français. Il y a un ordre, à la défense duquel participent un certain nombre de Français, traîtres conscients ou demi-dupes, ou dupes, ou ignorants (comme il y a des Hindous qui défendent l’ordre de Sa Majesté Britannique aux Indes), mais cet ordre, ce n’est pas le nôtre. Et devant cette situation, notre mouvement est nécessairement à la fois contre-révolutionnaire, en ceci qu’il tend à rétablir la pièce maîtresse de l’ordre français, la monarchie, et révolutionnaire, en ceci qu’il tend à détruire l’ordre social étranger qui nous est imposé et à créer des institutions qui s’appuient sur la tradition française mais qui seront de formes nouvelles, puisque le monde de l’économie a subi des transformations matérielles extraordinairement profondes qui rendent impossible la reconstitution des vieux organes de défense que le peuple français s’était créés.

C’est ici que nous rencontrons Proudhon, comme Maurras et Bainville l’ont rencontré dans la chancellerie royale. Cette passion révolutionnaire qui anime Proudhon, c’est la nôtre. Dans la France où il vivait, avec l’ordre français inscrit dans son sang, Proudhon ne reconnaissait pas dans cet ordre social qui était déjà l’ordre capitaliste étranger, le prolongement, dans le monde économique nouveau, de l’ordre français transformé selon sa tradition. On lui a reproché d’être un adversaire de l’ordre social, d’être en tout anarchiste. Ah ! Messieurs, ceux qui lui ont adressé ce reproche n’ont pas vu la flamme qui éclaire son œuvre ; ils n’ont pas vu que l’ordre social qu’ils défendaient eux-mêmes n’était pas l’ordre social dont leurs pères leur avaient légué la tra-