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de l’Empire et des Républiques troisième et quatrième n’ait démontré le bien-fondé strict.

Souvent à son insu, mais parfois de façon délibérée, en politique comme en économie et jusqu’en littérature, il se range côte à côte avec nos maîtres de contre-révolution. Comme Auguste Comte, il veut reconstruire une famille solide. C’est avec les accents lyriques d’un Joseph de Maistre qu’il proclame l’éternelle nécessité de la lutte. Champion du pouvoir temporel des Papes, il se campe aux côtés de Pie IX et du comte de Chambord... Et s’il ne jugeait point de son vivant qu’un tel voisinage fût compromettant, s’il déclarait que « loin de s’en plaindre, il s’en félicitait »[1]. pourquoi hésiterions-nous à le rapprocher de ceux qui, sur un autre terrain et avec des armes différentes, n’en ont pas moins mené le même combat contre le même ennemi ?

Précisons : nous ne visons point à une utilisation totale et exclusive de l’œuvre de Proudhon et nous estimons qu’il y a une tâche plus pressante à mener que l’exégèse terre à terre des textes proudhoniens. Si nous nous aidons pour la reconstruction de notre cité des matériaux que Proudhon nous a apportés en si grande abondance, notre respect pour lui ne nous interdit point de compléter ou plutôt de prolonger sa pensée dans la direction même qu’il n’a point manqué de nous indiquer.

La dure expérience des défaites nationales et des faillites démocratiques qui lui a été épargnée n’eût pas manqué de lui suggérer ou même – il n’est point par trop téméraire de le présumer – de lui imposer ces corrections indispensables.

Patriote, il l’était profondément. Il chérissait d’un amour profond et quasi charnel sa petite patrie franc-

  1. Correspondance, tome XII, p. 221.