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vieille fripouille d’ami don César de Bazan. Le monde moderne, lui, se coiffe impunément la tête. Il se la coiffe même des casques les plus antiques. Et il chausse des bottes, militaires et autres, qui sont plus vieilles que les plus vieilles et les plus authentiques bottes de sept lieues.

Il chevauche les vieux chevaux avec une impudence tranquille, un sans-gêne, avec une assiette, une inconscience dont peut-être lui-même il ne s’aperçoit pas. Cet emprunt perpétuel, ce sans-gêne et cette usurpation, ce détournement dessus dit se voit surtout, s’aperçoit, lui-même, aux cérémonies, officielles. Et en effet c’est en un certain sens là qu’il doit s’apercevoir le plus. Les cérémonies, officielles, sont en effet des manifestations volontairement culminantes ; elles ont un sens volontairement marqué ; c’est bien là que tout un monde, représenté par son gouvernement, officiellement, veut faire aboutir et culminer tout ce qu’il pense qu’il a en soi qu’il est capable de faire voir, de montrer dans la rue, en public, au grand jour, qui en est digne, selon lui, tout ce qu’il peut sortir. Une cérémonie est voulue, produite, calculée. C’est vraiment un acte officiel de représentation, une manifestation officielle, où le monde gouvernemental, agissant pour tout le monde qu’il gouverne, officiellement, ici pour le monde moderne, sort tout ce qu’il a de mieux, tout ce qu’il peut montrer au peuple et aux étrangers, ses beaux uniformes, ses belles musiques, ses beaux uniformes d’âmes, s’il en a, et de corps, ses beaux corps constitués.

Or que voyons-nous quand le gouvernement de ce peuple moderne en vient à cette épreuve, de sortir une cérémonie ? Nous voyons d’abord, — je ne suis pas mé-