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tout à fait de même), qui étaient, à des titres fort différents, les deux seuls morceaux d’humanité que l’on avait, l’un essentiellement éternel, mais l’autre si respectable, en tant de sens, que l’on pouvait espérer que ce respect au moins, à défaut d’une puissance et même d’une résidence temporelle présente, le ferait au moins comme temporellement éternel, et peut-être plus. D’autant plus et d’autant mieux que si l’opération est conduite avec un peu de doigté, rien n’empêche de maintenir une certaine armature, extérieure, certains échafauds, certains aspects, certains drapeaux et décorations, certains décors, titres et vêtements qui donnent d’autant plus facilement le change que tout le monde, au fond, ne demande qu’à le recevoir, le change. Un peuple grossier ne demande qu’à ne pas voir, clair, et à ne s’occuper de rien. Et qu’on lui fiche la paix. Les intéressés ne donnent que trop souvent le spectacle de trahir leurs devoirs, et même leurs intérêts, professionnels, techniques, les plus simples, les plus élémentaires. Et eux aussi, hélas, qu’on leur fiche la paix. Pourvu donc, pourvu que l’on prenne certaines précautions, que l’on garde certaines apparences, qui permettent aux hypocrisies de se couvrir, aux paresses de plaider, aux lâchetés de se justifier, un État peut ne pas faire trop crier, un État peut creuser intérieurement un enseignement d’État, un État peut vider un enseignement d’État de tout son contenu de culture et de liberté. Et que l’ordre extérieur demeure le même. Opérer par d’heureux remaniements incessants un avilissement incessant des programmes. En éliminer savamment, en chasser brutalement tout ce qui est culture et tout ce qui est liberté. Opérer par d’heureux choix un avilisse-