Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particuliers organisant eux-mêmes des organismes plus vastes, s’organisant eux-mêmes ainsi de proche en proche jusqu’à l’organisme total, jusqu’aux grands organismes, les puissances d’esprit étaient contraintes aussi d’être organisées, vivantes, d’être organismes. Quand même elles ne l’eussent pas voulu, naturellement, quand même elles n’en eussent pas eu l’essence, la vie, le génie intérieur, la nature, qu’elles avaient. Elles y étaient contraintes. Autrement elles étaient peu à peu, elles étaient enfin finalement éliminées, comme une substance morte d’un corps vivant, de tout corps vivant, comme une esquille ou un croûton de cicatrice. Dans un organisme bien vivant, c’est-à-dire bien organisé, bien organisme, une tare morte, un résidu mort ne reste point, tranquille. Dans un organisme total, général, bien vivant, des organismes particuliers, bien vivants, ne souffrent point qu’un voisin mort, qu’un cadavre de voisin mort cohabite avec eux. Ainsi un organisme ennemi force autant à la vie pour haïr et combattre qu’un organisme ami pour aimer et soutenir.

C’est depuis ce temps, et c’est pour cette raison, entre beaucoup d’autres, mais c’est beaucoup pour cette raison que l’enseignement secondaire, et, naturellement, encore plus l’enseignement supérieur sont devenus à ce point suspects à la démocratie, et qu’on les a tant maltraités, et que l’on a fait tout ce que l’on a pu pour les démolir, sans toujours en avoir l’air. Il y a tant de moyens, doucereux ou aigres, sournois ou violents, de démolir un enseignement qui a cessé de plaire, un enseignement d’État, quand on est l’État. Il y a le remaniement incessant des programmes, savamment conduit,