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qu’on leur a conté des histoires ? Tout contrôle est impossible. Parmi ces flaupées de petits garçons qui usent traditionnellement les fonds de leurs culottes sur les bancs de nos écoles, combien peut-il y en avoir qui s’apercevront un jour que de bons maîtres leur ont fait d’excellents contes. Il faudrait pour cela ou qu’eux-mêmes un jour fissent des lectures. Mais Dieu merci il n’y a pas un Français sur un million, qui de lui-même et sans aucun enseignement puisse avoir l’idée de recourir à un texte. Ou qu’ils devinssent traditionnellement, suivant la filière, des élèves de nos enseignements secondaires ou de nos enseignements supérieurs. De l’un et de l’autre, ou de l’un ou de l’autre. Heureusement, — heureusement pour la tranquillité du gouvernement du parti intellectuel, — ce n’est pas pour les timides tentatives de cultures de l’enseignement secondaire, c’est encore moins pour les dangereuses quoique timides tentatives de libertés de l’enseignement supérieur que nos plus de cent mille instituteurs dévoués et autres maîtres primaires apprennent à plus de cinq ou six millions de leurs bons élèves à lire, à écrire et à compter, — sans compter beaucoup d’autres belles choses, car on a beaucoup perfectionné tout cela, depuis le temps que nous étions petits, et ils doivent au moins apprendre la sociologie à présent. Une minorité infime entrera seulement dans le secondaire. Et de cette minorité infime une nouvelle minorité infime, une deuxième et imperceptible minorité, fraction de fraction, minorité de minorité, entrera dans le supérieur. Tous les autres, l’immense majorité, la presque unanimité, on sait quelle sera leur culture, et quelle sera leur liberté, Ce n’est point pour la formation de la personne, ce n’est point