Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sités délibérées, embrassements de la terre par le fleuve ; non point sinuosités romantiques, détours pour ne rien dire, allers et retours de contorsions et de coliques, sinuosités déclamatoires et nervosités ; mais nobles tours et détours ; admirables, patientes, lentes sinuosités ; savantes, aussi ; le fleuve a voulu tout voir ; il n’a pas pris seulement son temps ;

Quand je veux en amour prendre mes passe-temps ;

Virages pris au détour de sa route comme vous n’en prendrez jamais ; les voilà bien, les bords légèrement relevés ; virages d’inclinaison, sans une embardée, juste au ras du coteau ; quel char jamais autour de quelle borne, char de course romaine aux mains de quel cocher, automobile de course ou de route aux mains de quel chauffeur, quel train de chemin de fer à la queue de quelle lourde locomotive, elle-même aux mains de quel couple de chauffeur et de mécanicien, le rail extérieur un peu relevé, de quelques centimètres, cinq, sept, neuf, quel aussi grand char sur quelle aussi grande voie, autour de quelles aussi grandes bornes et sous le regard de quels aussi grands amphithéâtres, quelle aussi grande route autour de quels aussi grands coteaux vous prendra jamais un virage de ce style ?

Dans la poussière et le soleil des routes neuves
Si le regret te point des chemins d’autrefois,
Monte sur la colline, ouvre les yeux et vois,
Vois les routes couler ainsi que de beaux fleuves.

virage de ce style ? Ainsi d’un bout à l’autre sinuosités doubles ; je ne veux pas dire sinuosités en deux sens, dans les deux sens contraires, comme