Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est quelquefois difficile à l’arriviste d’arriver, parce qu’ils sont trop. Mais rien n’est aussi facile que de n’arriver pas, pourvu qu’on y mette un peu du sien. Parce qu’on n’est pas trop. Il y a ainsi de par le monde un certain nombre de jeunes gens, pas très nombreux, — nous en connaissons beaucoup aux cahiers, mais c’est assurément dans le personnel et dans la clientèle des cahiers que l’on en trouverait et que l’on en connaîtrait le plus, — des malins, alors, des gars particulièrement astucieux, des bonhommes à qui on n’en compte point ; des vieux roublards, qui ont choisi la carrière de ne point réussir, la procession de ne point arriver. Ils entreront dans la carriè…ère quand leurs aînés n’y seront plus. Ils n’auront pas besoin d’attendre aussi longtemps. Car leurs aînés et eux ils tiennent parfaitement dans la même carrière. On dit même qu’ils n’y sont point trop serrés, qu’ils s’y meuvent à l’aise, bonnement, sans haines et sans beaucoup de compétitions. Car, du moins d’après les récits des voyageurs, ce serait une carrière où on ne se bouscule pas.

Ces gens-là non plus, ces gens de leur côté n’ont pas besoin de nos considérations ni de nos conseils. Quand un pauvre homme a la probité dans la peau, il est perdu. J’entends perdu pour les grandeurs. De toutes les tares qui s’attaquent aux os mêmes et aux moelles, celle-ci est peut-être encore la plus irrémissible et celle qui pardonne le moins. L’homme qui n’arrive pas, qui ne sait pas, comment s’y prendre, qui ne veut pas savoir, le type dans nos genres, l’imbécile enfin, le pur niais, nidax vere simplex, le bon homme sait très bien, sent très bien, depuis qu’il est venu au monde, et même avant,