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aujourd’hui par et parmi nos jeunes gens : faire un grand et brillant mariage, demi-riche, ou riche tout à fait, de cette richesse très particulière aux gros universitaires, dans nos aristocraties de défense républicaine, dans nos héritages politiques, dans nos hérédités de gouvernement de l’esprit, — quand on a dit tout cela, quand on a énuméré toutes ces grandeurs, — toutes ces tristes misères, — on n’a rien dit encore ; on n’a rien dit que tout le monde aujourd’hui ne sache, — ne déclare, n’avoue, ne reconnaisse, ne proclame de quelque manière, ou n’ait, quand on est malin, et tout le monde, aujourd’hui, est malin, découvert le premier.

On n’a rien dit non plus qui soit bien intéressant. Car sur ces grandes vilenies les opinions sont faites, sur les grandes vilenies de l’histoire contemporaine, faites, vite et une fois pour toutes, bien faites, les jugements sont arrêtés, les résolutions prises, les décisions faites. De part et d’autre. Un jeune homme qui veut devenir député, ministre, gendre, conseiller d’État, ou même obtenir à bon compte une chaire de l’enseignement supérieur, sait parfaitement comment s’y prendre. Il sait quelles avances il faut faire, quels gages donner, quelles promesses faire, quelles promesses au contraire tenir, quelles paroles tenir et quelles paroles violer, quels serments prêter et quels serments trahir, quelles traites accepter et signer, et quelles traites ensuite laisser protester, quand et comment jurer et quand et comment se parjurer, quelles trahisons commettre, et ils savent comment on peut trahir des trahisons mêmes. Un peintre joue la difficulté en mettant blancs sur blancs, noirs sur noirs. Nos jeunes camarades jouent