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mine et d’hypocrisie, pour n’être pas amère. Toutes les chambres de la question lui sont familières, qui sont les logis changeants de la vie pour les pauvres, les criminels, les malades et tous ceux qui souffrent. Or, si un homme a conscience, il est toujours un malade, et toujours à la question. Il souffre ; et que sert de dire qu’il souffre par sa faute ?

Villon le fait sentir dans son rire hardi, cruel poète. Dante, au Purgatoire, traverse cette région souveraine de la vraie poésie. Mais il est trop pur ; et les reproches de Béatrice, sa grande âme questionnante, peuvent bien lui arracher des larmes, et le faire rougir : ils ne le mettent pas à la torture. Ses péchés ne l’engagent au purgatoire, que dans la contrée la plus voisine du paradis. Ses plus grandes fautes sont encore nobles. Ses vices, sa colère, son âpre soif de justice, son âme altérée de vengeance, tout part chez lui d’une grandeur naturelle et de la pureté première. Et toutes ses faiblesses plongent dans le plus dur orgueil.

Villon est assez souillé pour connaître les lieux de la contrition. Il ne se repent peut-être pas ; mais il sait, il pèse toutes les raisons qu’il