Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/504

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien que Villon se soit décrit petit homme et menu, Naudin l’a voulu faire de haute taille. On en devine les raisons, et il en tire un si juste parti qu’on les approuve. Plus grand, Villon en est plus dangereux et plus hardi. Plus maigre aussi, il paraît plus cynique. Ses longues jambes fauchent mieux l’espace. Il doit avoir le coup de pied plus vif et plus étendu dans les rondes bedaines et les usages bien assis. Il lui va, cet air de puissante sauterelle, qui bondit par-dessus les lois et les idées reçues, jusqu’à ce qu’on la cloue à la muraille, et qu’on l’empale à quelque bon procès, bien en règle et bien aigu.


III


La raillerie de Villon, telle que Bernard Naudin l’a conçue, est trempée de tristesse. Elle est parfois terrible, comme un regard rieur dans une atroce souffrance. Cette gaîté hante trop les charniers, les cours de justice, les cachots, les magistratures fourrées d’her-