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ses transes égoïstes. Le « povre petit escollier » a pitié de tous les pauvres, comme lui. Il oublie l’indulgence terrible, que la vue du néant lui inspire ; ou plutôt, il en réserve la tendresse à tous ces petits que la misère foule et que le mal atterre. Il a compassion des malades et des captifs, des suppliciés et des filles. Il ne rit pas cruellement de la potence ni de l’hôpital. Il réclame, au nom de Dieu, qu’on pense un peu à lui. Il a pitié de soi, sans vanité et sans complaisance : ce regard pour soi-même est ce qu’on peut concevoir de plus juste et de plus vrai : soi, le pauvre que l’on connaît le mieux. Et, au bout du compte, dans cette mort où il est déjà jusqu’au cou, criant à toutes gens merci, il implore une douce pensée, et c’est le repos perpétuel qu’il demande. Mais certes tous les amants de la vie, tous ceux qui savent ce qu’il en coûte de vivre sans compter, qui ont versé des