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mort, partout et pour tous. Où sont les belles amoureuses ? Où sont les amants ? Où les grands de la terre ? Où les petits ? Où vais-je moi-même, dit et redit Villon ? La mort fait la même réponse à toute question. Et l’horreur de toute question, c’est que, moins celle-là, il n’y a pas de réponse. Moi seul pour moi, pense Villon ; et ce n’est rien. Il considère la nullité universelle avec une sérénité mêlée de terreur, et fort étrange. Il s’y plonge, comme pour éprouver toute sa faiblesse, la folie et la méchanceté des hommes. Mais les connaître ainsi, c’est pardonner. De là, cette tristesse et cette moquerie aiguës, et cette indulgence sans limites. Il n’y a rien de plus terrible, parfois, que l’indulgence de l’esprit qui nie, si ce n’est l’indulgence d’une âme tout intelligente. Villon conclut à la mort comme à la réalité unique, et à la volupté, ici-bas, comme paradis.