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nation criminelle savent ce que les esprits paisibles ne soupçonnent pas. Les poètes sont du petit nombre, qui visite les abîmes, ou qui rêve d’y descendre.

Tout bien et plein de mal, tout mal et plein de bien, amer et doux, repris de justice et sans méchanceté pourtant, assassin et sans violence, Villon se fiche de tout.

Une dérision passionnée de la vie l’emporte ; et un amour infatigable de vivre anime sa dérision.

Sa propre passion doit lui paraître dérisoire. Mais l’ironie ne réussit pas à la détruire. Elle a plus de force que d’âcreté. Villon est un jeune homme : il l’aurait fallu voir à cinquante ans.

Il ne croit à rien, selon l’ordre et les lois du monde. Mais il peut croire à tout, selon son propre sentiment.

Cependant la vanité universelle et l’universel hasard le font amèrement sourire.