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ÈVE



Et la plus accotée aux montants du portail,
Aïeule aux maigres doigts, seule laborieuse,
Et seule obéissante et seule impérieuse,
Et la plus accointée au coin du soupirail.

Et nul ne vous connaît, seule mystérieuse,
Ni l’homme votre fils, ni l’homme votre frère,
Ni l’homme votre époux, ni l’homme votre père,
Ni l’homme votre maître ô seule ambitieuse.

Vous n’avez plus mené qu’une vie attentive,
Ô seule curieuse et seule incurieuse.
Vous n’avez enfanté qu’une horde craintive,
Et tantôt défaillante et tantôt furieuse.

Vous n’avez plus connu qu’une race hâtive.
Vous n’avez plus connu qu’un monde qui dit non.
Des terres de Judée aux terres d’Épernon
Vous n’avez plus connu qu’une race furtive.

Vous n’avez plus connu la race affirmative.
Vous n’avez plus connu qu’un peuple qui dit non.
Et des bourgs de Judée au bourg de Maintenon
Vous n’avez plus perçu qu’une voix négative.

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