Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas une sorte d’enfant ? Mais, au contraire, tous les poètes semblent puérils, qui l’ont précédé, et la plupart de ceux qui l’ont suivi.

Il domine sur les malheurs de sa vie. Et le plus fort, c’est qu’il règne sur cette vie mauvaise en s’y livrant, en s’y noyant. Il se perd, mais non à son insu. Il se Juge, comme s’il n’était pas question de lui. Tel est le pouvoir de l’intelligence. Villon est sans pareil pour l’épreuve qu’il a faite de ses crimes. C’est la racine de cette cruelle mélancholie, qui est comme le fond du cercueil où il se couche, pour chanter sa misère, riant sourdement sur la basse des glas, et d’où il se dresse pour lâcher ses facéties. Or, c’est lui-même, et lui seul, qui soulève le couvercle.

De là, qu’il voit tout en peinture, et tout peut-être sur les murs du charnier, lui-même et son destin, les grandeurs du Villon.