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ÈVE


Et comme on ne sait pas dans l’immense univers
Ce qu’on aime le mieux, si c’est le dur été,
Ou le sévère automne ou les graves hivers,
Et comme on ne sait pas dans cette éternité,

Et comme on ne sait pas parmi tant de bonheurs
Ce qu’on aime le mieux, si c’est un bel orage,
Ou si c’est la saison du profond labourage,
Ou le balancement des vastes moissonneurs,

Et comme on ne sait pas entre tous ces honneurs
Ce qu’on aime le mieux, si c’est un beau verglas,
Ou la neige étendue au loin des pays plats,
Ou le ramassement des débiles glaneurs.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours
Ce qu’il aime le mieux, si c’est le doux printemps,
Ou la sévérité de plus fermes amours,
Ou la déclivité de plus obliques temps.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux temps
Ce qu’il aime le mieux, si c’est le doux avril
Ou la feuille d’automne et le rêve d’exil,
Ou le mélancolique et volage printemps.