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ÈVE



Vous n’avez plus connu les pas ineffaçables,
Et les moissons montant sous le vol des abeilles.
Les vendanges montant à l’assaut des corbeilles.
Les pas des vendangeurs dans les chemins de sables.

Vous n’avez plus connu les puits intarissables,
Et les moissons montant à l’assaut de la meule.
Vous n’avez plus connu qu’une âme errante et seule
Et des pas soupçonneux sur des chemins de sables.

Vous n’avez plus connu les jours impérissables,
Et les raisins montant à l’assaut du pressoir.
Et les treilles montant à l’assaut du dressoir.
Et des pas fastueux sur des chemins de sables.

Vous n’avez plus connu les blés involontaires,
Vous n’avez plus connu que de pauvres labours.
Vous n’avez plus connu que de pauvres amours.
Vous n’avez plus connu que des blés réfractaires.

Vous n’avez plus connu les blés inoubliables.
Vous n’avez plus connu que des jours moissonnés.
Et du haut du coteau des pins découronnés.
Et le commencement des jours inexpiables.

Ève. — 2.
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