Et les pauvres moutons eussent donné leur laine
Avant que nous n’eussions donné notre tunique.
Et ces deux gros pandours donnaient vraiment leur peine.
Et nous qu’avons-nous mis aux pieds du fils unique.
Avons nous répandu les cendres de nos haines
Comme un manteau d’argent sous des pieds adorés.
Avons-nous répandu le sable de nos peines
Comme un tapis d’argent aux reflets mordorés.
Avons-nous répandu par les champs de la plaine
Notre fumier d’orgueil et d’ostentation.
Avons-nous recueilli dans l’urne grave et pleine
Les grâces de détresse et de contrition.
Avons-nous déroulé le tissu de nos jours
Sur le parvis de marbre et dans le beau jardin.
Avons-nous déroulé l’ombre de nos amours
Entre l’ombre de l’arbre et le premier gradin.
Avons-nous déroulé le fil de nos discours
Entre la porte d’or et la porte de corne.
Avons-nous déroulé l’écheveau de nos jours
Entre le premier terme et la dernière borne.
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ÈVE