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les tapisseries


Et ses beaux yeux fermés sous l’arceau des paupières
Ne considéraient plus son immense royaume.
Et les bergers venus par des chemins de pierres
Le regardaient dormir dans la paille et le chaume.

Et ses beaux yeux fermés sur nos ingratitudes
Ne considéraient plus qu’un rêve intérieur.
Ses jeunes yeux fermés sur nos décrépitudes
Ne considéraient plus qu’un âge antérieur.

Et la lourde toison de ses cheveux bouclés
Retombait sur sa nuque en décuple cascade.
Et son poing volontaire et ses bras potelés
Supportaient tout le poids de cette colonnade.

Ses beaux cheveux tombaient en mouvante torsade
Et faisaient sur sa nuque une ombre creuse et blonde.
Les rois de l’Orient, venus en ambassade,
Le regardaient dormir comme le roi du monde.

Et sa tête portait dans le creux de son coude
Comme un beau bâtiment porte dans son berceau.
Il n’était pas froncé comme un enfant qui boude.
Il était détendu comme un jeune roseau.