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les tapisseries


Seigneur qui les avez pétris de cette terre,
Ne vous étonnez pas qu’ils soient trouvés terreux.
Vous les avez pétris de vase et de poussière,
Ne vous étonnez pas qu’ils marchent poussiéreux.

Seigneur qui les avez frappés de votre foudre,
Ne vous étonnez pas qu’ils soient trouvés peureux.
Vous qui les avez fait sortir de cette poudre,
Ne vous étonnez pas qu’ils soient trouvés poudreux.

Vous les avez pétris de cette humble matière,
Ne vous étonnez pas qu’ils soient faibles et creux.
Vous les avez pétris de cette humble misère.
Ne soyez pas surpris qu’ils soient des miséreux.

Vous qui les avez faits d’une argile grossière,
Ne soyez pas surpris qu’ils soient trouvés lépreux.
Et vous qui les avez livrés aux vers de terre,
Ne vous étonnez pas qu’ils soient trouvés véreux.

Car le surnaturel est lui-même charnel
Et l’arbre et la grâce est raciné profond
Et plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond
Et l’arbre de la race est lui-même éternel.