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les tapisseries


Et le pain de mon corps et le vin de mon sang,
Et le verbe jailli de mes divines lèvres ;
Et le salut gagné par mes divines fièvres,
Et l’éponge et le fiel et cette plaie au flanc ;

Le sang que je laissai sur un pauvre mouchoir
Où mes traits sont empreints pour éternellement ;
L’image que reçut ce frêle monument,
C’était la même glaise et le même ébauchoir

Et le même modèle aux mains du statuaire
Et la même figure et la même plastique
Et le même relief du même masque antique ;
Et les plis de mon corps sous le drap mortuaire.

C’était la même glaise aux mains du statuaire,
Le même modelé sous un pouce plastique,
Le même figuré sous un masque authentique,
Et le même tracé sous le drap mortuaire.

Le sang qui dégoutta sur ma pauvre tunique,
Ma barbe et mes cheveux souillés de cette bourbe,
Mon regard et mon verbe aux mains de cette tourbe,
Et ce qu’ils avaient fait de votre Fils unique,