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ÈVE


Et c’est le forcement de cet homme hagard.
Et les bourreaux lâchés dans la plaine et les bois.
Et le dérèglement de cette pauvre voix.
Et le désœuvrement de ce pauvre regard.

Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qu’ils étaient en principe et sont redevenus.
C’est le sang de la veine et le sang de l’artère
Et le sang de ces corps misérables et nus.

Et moi-même le sang que j’ai versé pour eux,
C’était leur propre sang et du sang de la terre.
Du sang du même cœur et de la même artère.
Du sang du même peuple et du mêmes Hébreux.

Les pleurs que j’ai versés sur un mont solitaire,
Les pleurs que j’ai pleurés quand j’ai pleuré sur eux,
C’étaient les mêmes pleurs et de la même terre,
Et de la même race et des mêmes Hébreux.

Le sang que j’ai versé sous la lance romaine,
Le sang que j’ai versé sous la ronce et les clous ;
Et quand je suis tombé sur ma faiblesse humaine
Sur les paumes des mains et sur les deux genoux ;