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les tapisseries


Seule vous le savez, nos adulations
Ne se courbent jamais que sur des pieds d’argile.
Nous n’apportons jamais sur un autel fragile
Que des cœurs dévorés de malversations.

Et vous savez quel air nos modulations
Conduisent sur la corde et sur de maigres flûtes,
Et que nous n’apportons dans nos plus âcres luttes
Que des cœurs détendus par les vexations.

Et vous savez quel air nos ondulations
Font flotter sous le plectre et sur de vagues lyres.
Et que nous ne mettons dans nos pauvres délires
Que des cœurs affolés de palpitations.

Seule vous le savez, nos émulations
Ne rivalisent pas pour le juste et le beau.
Nous n’apportons jamais aux portes du tombeau
Que des cœurs dévorés de contestations.

Seule vous le savez, nos contemplations
Sont troubles du dedans, ô mon âme, ô ma mère.
Nous n’apportons jamais dans un temple éphémère
Que des cœurs et des vœux et des dévotions.