Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
ÈVE


Seule vous le savez, nos désolations,
Assises parmi nous ne sont pas même grandes.
Nous n’apportons jamais sur la table d’offrandes
Que des cœurs pleins de boue et de corruptions.

Seule vous le savez, seule vous le comptez :
Nos tribulations ne sont pas même grandes.
Nous n’apportons jamais sur la table d’offrandes
Que les restes des cœurs que nous avons prêtés.

Nous n’apportons jamais au temple de mémoire
Que des cœurs pleins de mort et d’ostentations.
Nous n’apportons jamais aux portes de l’armoire
Que des cœurs pleins de fange et pleins d’alluvions.

Seule vous le savez, pourquoi nous sommes nés.
Nos tribulations ne sont pas même grandes.
Nous n’apportons jamais sur la table d’offrandes
Que les restes des cœurs que nous avons donnés.

Nous n’apportons jamais à nos temples de gloires
Que des cœurs pleins de creux et pleins d’intrusions.
Nous ne mettons jamais dans nos conservatoires
Que des cœurs pleins de vide et de précisions.