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les tapisseries


Première vous avez passé sous cette porte.
Première vous avez d’un pas abandonné
Foulé d’un pas caduc et tout échelonné
Le sentier de l’exil semé de feuille morte.

Première vous avez devers la cheminée
Tendu vos pâles mains transparentes de vieille
Et devant le foyer et dans la longue veille
Réchauffé votre peau toute parcheminée.

Les autres n’ont connu que la commune honte.
Mais vous avez connu cette ruelle oblique
Qui descend sur la foire et la place publique,
Et d’où nul ne revient et que nul ne remonte.

Les autres n’ont connu que cette égalité.
Les autres n’ont connu que la place publique.
Mais vous avez connu cette venelle oblique
Qui descend dans la fosse et la docilité.

Les autres n’ont connu que de planter leur tente
Au milieu du désert d’un immense plateau.
Mais vous avez connu la suspense et l’attente,
Et le déversement tout le long du coteau.