Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
les tapisseries


Et moi je vous salue ô première fermière.
Vous avez tant veillé devant de maigres feux.
Vous avez tant versé sur la race première
L’ardent débordement de vos fébriles vœux.

Et moi je vous salue, aïeule vénérable,
Première assujettie à la loi d’habitude,
Qui parmi tant d’outrage et tant d’incertitude,
Naquîtes la première et la plus misérable.

Les autres n’ont connu que d’être malheureux.
Mais vous avez connu d’innover le malheur.
Les autres n’ont connu que d’être douloureux.
Mais vous avez connu d’innover la douleur.

Les autres n’ont connu que leur indignité.
Mais vous avez connu ce que c’est que descendre.
Les autres ont connu le tison et la cendre.
Mais vous avez connu la flamme et la clarté.

Les autres ont connu d’être sans héritage.
Mais vous avez connu d’être déshéritée.
Les autres n’ont connu que leur nouveau partage.
Mais vous avez connu d’être départagée.