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les tapisseries


Et par là vous savez à quoi l’homme se prend.
C’est à quelque fantôme issu de sa cervelle.
À quelque pas dansé sur une herbe nouvelle.
Et par là vous savez le peu que l’homme rend.

Et par là vous savez le peu que l’homme pèse,
Et qu’il est fétu dans les doigts de la main,
Et qu’il est un passant sur le bord du chemin,
Tout près de retourner dans sa première glaise.

Et par là vous savez ce que l’homme découvre.
C’est que tout souvenir est un point de douleur.
Et que tout avenir est un puits de malheur.
Et que toute blessure est présente et se rouvre.

Et par là vous savez de quoi l’homme se doute.
C’est qu’il est un pauvre être et que tout finit mal.
Et par là vous savez ce que l’homme redoute.
C’est d’être malheureux comme un morne animal

Qui se traîne et périt dans sa captivité.
C’est d’être enfin cerné parmi tant de bassesse.
Et bloqué dans sa geôle et dans sa forteresse.
Et dans son innocence et dans sa gravité.