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génie). C’est la querelle de la race et de la grâce. Et c’est la querelle même de la grandeur.

C’est contre eux et leur monde moderne la querelle ensemble de la sainteté et de l’héroïsme ; la querelle ensemble de la communion et de la cité.

Pour eux leur système est d’une désagrégation constante. Ils travaillent toujours dans le même sens, qui est le sens de la diminution. Tout ce que l’humanité perd, c’est autant de gagné pour eux. Tout ce que l’humanité laisse aller, c’est autant qu’ils mettent dans leurs greniers. Tout ce que la dignité perd, c’est autant de gagné pour leur indignité. Ils jouent tout le temps à qui perd gagne, mais ils sont deux de jeu. Car tout ce que l’humanité perd, (par leurs soins), c’est eux qui le gagnent.

Tout ce qu’ils veulent c’est qu’on perde de la valeur. C’est une décantation perpétuelle. C’est un abrasement continu. Ils sont comme les eaux. Ils opèrent une érosion continuelle. Tout ce qui dépasse ils ne sont occupés qu’à le déraser. Et de leur marais ils ne font naturellement rien sortir.

Toujours on perd et jamais on ne gagne. Toujours ils prennent et jamais ils ne rendent. Toujours ils en ôtent et jamais ils n’en remettent. Ils ont créé une sorte d’irréversibilité spéciale, d’irréversibilité à leur usage. Par eux le monde descend et ne remonte jamais. La quantité absolue de matière morale, la quantité absolue de valeur, la quantité absolue de dignité diminue toujours et ne reçoit jamais aucun accroissement.

Le mécanisme est simple ; et ils ont beau jeu. Comme ce sont dans l’histoire les héros et les saints, (et les

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