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supplément aux Vies parallèles


fins et à sa mort comme une auréole et comme une retraite M. Lanson ne cacha point aux peuples qu’il venait de s’apercevoir que ce Brunetière n’était pas précisément un critique et un écrivain de défense républicaine. La vérité avant tout.

Je ne dirai pas que M. Lanson avait fait sa fortune comme réactionnaire. C’est un mot dont je me méfie ; et que je n’aime pas employer. Mais je suis forcé de dire que M. Lanson avait fait une première fortune dans le personnage de ce que M. Lanson nommerait aujourd’hui un réactionnaire. Ce n’est pas moi, c’est lui, s’il faisait un retour, qui se nommerait ainsi. Et aussitôt qu’il fallut, c’est-à-dire un peu après que le danger eut achevé de disparaître, il refit sa fortune, ou il fit une deuxième fortune, dans la défense républicaine. Peu m’importe après cela que l’homme soit fort ou qu’il ne soit pas fort. Qu’est-ce que ça fait, d’être fort. Pour moi rien ne compte à côté de cette basse et de cette sournoise ingratitude, et de ce reniement d’un maître devenu malheureux. Qu’importe les habiletés ; et les réussites des habiletés. Qu’importe l’avancement temporel. Qu’importe qu’un homme fasse ou ne fasse pas une grande carrière. Qu’importe l’œuvre même, (j’entends pour ceux qui font des œuvres). C’est dans l’envie et l’ingratitude que se mesure un être. Tout disparaît devant ces recroisements d’ingratitude et devant cette renégation d’un maître et d’un père devenu malheureux. Qu’importe après ça le talent et les ambitions couronnées.

Ce reniement de Brunetière était d’autant plus sot, et cette méconnaissance, qu’on ne saurait trop le redire, Brunetière était un des leurs. C’est ce que j’avais essayé

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